Le test du Nikon AF-S 70-200mm f/2.8E FL ED VR

Introduction

En sortant le Nikkor AF-S 70-200mm f/2.8E FL ED VR de sa boîte, j’ai eu un petit frisson. Depuis sa sortie en 2016, je voulais essayer ce 70-200, le dernier sortit par Nikon pour la monture F et le voilà dans ma main !

J’ai acheté cette optique pour sa polyvalence : un zoom vendu comme excellent, lumineux, stabilisé, à la distance de mise au point minimum de 1.2m sans focus breathing comme son prédécesseur et compatible avec les télés convertisseurs. Un objectif que je pourrai utiliser tant en paysage, ou pouvoir zoomer-dézoomer est très pratique, qu’en proxy-photo de papillons et fleurs.

Le décor étant posé, voyons si cet objectif rempli son contrat !

Note technique : j’ai utilisé l’ AF-S NIKKOR 70-200mm f/2.8E FL ED VR avec un D850. Toutes mes observations concernent ce couple boitier-objectif.

Nikkor AF-S 70-200 F2.8E FL ED VR

Prise en main, commande et construction

Successeur du 70-200 VR II, le 70-200E F2.8 VR bénéficie d’une construction professionnelle, mélange entre métal et plastique résistant qui permet de lui faire perdre 100g. En main, l’objectif paraît robuste et prêt à vous suivre dans toutes vos expéditions.

Avantage du plastique : il est moins froid que le métal lorsque les températures descendent et il encaisse (un peu) mieux les chocs.

L’objectif est bien sur “tropicalisé” et comporte plus de 9 joints pour éviter les entrées d’eau au niveau de toutes les parties mobiles. Pas de problèmes pour photographier sous la pluie ! J’ai essayé pendant quelques heures et je n’ai vu aucune formation de buée à l’intérieur de l’objectif.

Le panneau de commande est complet avec plusieurs sélecteurs :

  • AF/MF avec une position “M/A” pour une priorité à la mise au point manuelle et une position “A/M” pour une priorité à l’AF.

  • plage de mise en point : entre 5m et l’infini ou toute la plage de mise au point. Une position “1.2m - 10m” pourrait être un plus.

  • stabilisation : désactivée, mode sport qui stabilisera seulement les mouvements verticaux et enfin normal

  • AF-L ou AF-on : détermine le comportement des 4 boutons placés derrière la bague de zoom. AF-L bloque la mise au point, AF-ON la déclenche.

Le collier de pied est fluide, sans crans d’arrêt aux positions 0° et 90°, c’est un peu dommage et oblige à le regarder pour le régler. Seul le pied est détachable. Il n’est d’ailleurs pas au standard arca, ce qui oblige à lui attacher un plateau ou à le remplacer par un modèle compatible.

Un grand changement par rapport au 70-200 Vr II est le placement des bagues de zoom et de mise au point.

Sur le 70-200E FL , la bague de zoom est maintenant à l’avant de l’objectif, reléguant la bague de mise au point au centre de celui-ci. En le prenant en main, la paume vient donc se placer sur cette bague de mise au point, au risque de la faire bouger.

En pratique, je tiens souvent l’objectif avec le collier de pied reposant sur la paume et le bout des doigts actionnant la bague de zoom. Dans cette position, je ne touche pas la bague de MAP. Mais, il m’arrive aussi d’enlever ce pied. Ma main touche donc cette bague et dois faire attention, lorsque je manipule la bague de zoom, à ne pas faire bouger ma paume.

C’est une habitude à prendre et je préfère ce placement à l’ancien (comme sur le sigma 70-200 Sport) qui me forçait à reculer la main pour actionner la bague de zoom, donc à lâcher le centre de gravité de l’optique, la faisant pencher vers l’avant. C’est une histoire de préférences personnelles.


Caractéristiques techniques principales

  • Focales : 70 à 200mm

  • Ouvertures : F2.8 - F22, diaphragme electromagnétique

  • Stabilisation : gain de 4 vitesses

  • Distance de map mini : 1.1m

  • Rapport de reproduction : X0.21

  • Dimension : 88.5mm X 202.5mm

  • Poids : 1.43 kg


Autofocus

C’est rapide ! Presque instantané sur le D850 et presque inaudible ! La précision est également excellente quelques soient les conditions de lumière et à toutes les distances.

A titre de comparaison, ce 70-200FL est beaucoup plus rapide que le 200-500 VR, le 105mm F1.4 ainsi que mon ancien AF-S 300mm F4.

Je n’ai encore jamais eu de “pompage”, même si cela dépend beaucoup de l’appareil utilisé, le D850 étant mon boitier doté du meilleur AF à ce jour.

Les micros-réglages sont très légers sur mon exemplaire, -1 seulement.



Stabilisation

Gros point fort de cet objectif, la stabilisation permet de gagner 4 vitesses. Cela me permet d’avoir des photos nettes à 200mm au 1/8ème de seconde avec un sujet immobile !

En pratique, suivant ma position, je n’y arrive pas toujours au 1/8ème mais au 1/15ème oui. Ce gain est très utile par rapport à un objectif non stabilisé, me permet de me passer de trépied dans la plupart des situations et de conserver toute ma liberté de mouvement lorsque je photographie un papillon ou une libellule.

Ne faisant pas de photo de sport, je laisse le stabilisateur en mode “normal”.

Il fonctionne instantanément, dès que je touche le déclencheur ou le bouton AF-ON, pas besoin d’attendre une seconde. Il est aussi fluide, je n’observe aucun flottement de l’image ou saccade.

Performances optique

J’ai eu plusieurs 70-200 F2.8 et tous partageaient le même défaut : une baisse parfois importante des performances optiques aux longues focales, aux grandes ouvertures à la distance minimum de mise au point.

Or c’est précisément dans ces conditions que je photographie des fleurs et des insectes. Vu les performances annoncées de ce 70-200E FL, j’en espérai beaucoup dans ce domaine !



Netteté des images

C’est simple, le piqué est excellent, au centre comme dans les coins à toutes les ouvertures et toutes les focales. Et également à toutes les distances de mise au point !

Il n’y a pas grand chose à dire concernant ce genre d’optique récente, très haut de gamme.

Vous pouvez apprécier les détails sur les crops 100% ci-dessous. Les photos sont traitées sous Lightroom et la valeur d’accentuation est laissée par défaut sur 40.

Pour rappel, toutes ces photos sont prises avec un Nikon D850 au capteur de 45 millions de pixels.

Bokeh

Les flous d’arrières plans sont très agréables, doux et progressifs. Le sujet se détache bien de l’arrière-plan à toutes les focales.

C’est un plaisir de l’utiliser en proxy photo. vu le nombre de lentilles, comparé à une focale fixe, je craignais que l’arrière plan puisse être un peu “vibrant”, avec un dédoublement des lignes droites. Heureusement, il n’en est rien !

Vignetage

Le vignetage est présent à toutes les focales aux grandes ouvertures. Il est modéré, rien à voir avec celui du 105mm F1,4 à pleine ouverture par exemple.. Il disparait en un clic sous Lightroom et n’est donc pas, pour moi un problème. 

Cette série en exemple est prise à 200mm, à F2.8, F4 et F5.6. La première est brute, la seconde avec les corrections automatiques de Lightroom.

Aberration chromatique

Je n’en ai pas vu, même avec un contre-jour important. Les niveaux de correction optiques actuels sont très performants et l’aberration chromatique n’est aujourd’hui plus un problème majeur. Si nécessaire, les logiciels de traitement d’images l’effacent en quelques clics.

Note : avec le TC17E, l’aberration chromatique est plus importante, voire plus bas dans cet article.

Coucher de soleil depuis Poligny

Même avec le soleil en face, le 70-200 E FL produit très peu de flare. 160mm, F9.

Reflets parasites /Flare

Malgré les nombreuses lentilles présentes, ce zoom ne produit que très peu de flare, même avec une source de lumière directe dans l’axe de l’objectif, comme ici avec ce soleil couchant.

Pour voir du flare, il faut pointer l’objectif vers le soleil, par grand ciel bleu, avec un sujet sombre. Sinon, ce n’est pas un problème. 

La situation est par contre différente avec le TC17 monté, comme vous pourrez le voir plus bas dans l’article.


Photo rapprochée / Gros plans

Le 70-200E FL a une mise au point minimale de 1,1m et un rapport de reproduction de X 0.21 ou 1/4.8. Cela accroit la polyvalence de l’objectif en lui permettant de réaliser des plans assez serrés. Le champ minimal cadré est de 14cm sur 9cm. La distance entre la lentille frontale et le sujet est de 90cm et le bout du pare soleil sera à 83cm.

Comme vous pouvez le voir dans les exemples, ce 70-200 peut tout à fait servir à faire de la proxy photographie avec de bons résultats !

La profondeur de champ est très courte, naturellement plus courte que celle de mon ancien Af-s 300mm F4 pour un même cadrage. En retour le 70-200 E FL offre de beaux arrière-plans, d'où se détache le sujet, même à contre-jour.

Cependant, le 300mm F4 m’offrait une distance de travail plus importante. C’est pourquoi j’associe maintenant le 70-200 avec un TC-17.



Le 70-200E FL avec le TC17E II

Le nikkor 70-200E FL est capable d’accepter les 3 télés-convertisseurs Nikon : TC14, TC17 et TC20, le transformant respectivement en un 98-280 F4, 119-340 F4.8 et 140-400 F5.6 tout en conservant l’autofocus et la stabilisation.

Pour m’approcher au plus près de mon ancien 300mm F4, j’ai choisi le TC17E II. Avec, je peux aller photographier les détails des paysages lointains ou les grandes libellules en ajoutant seulement 250g à mon sac photo (contre 1.5kg pour le 300mm) !

Une fois le tc17 monté, l’autofocus conserve sa rapidité. Je n’ai pas noté d’hésitation ou de baisse de précision avec le D850.

La stabilisation est toujours très efficace et d’autant plus utile à mesure que la focale augmente. Elle me permet toujours de me passer du trépied dans 90% des situations, comme pour la photo de l’accouplement des gomphes, ou je tenais l’appareil à bouts de bras, au dessus de ma tête, pour limiter la contre-plongée au maximum.

En proxyphoto, ce couple est parfait, la qualité d’image est toujours très bonne au centre et aux tiers de l’image à toutes les focales et ouvertures. Fermer d’un cran permet de gagner un peu en contraste et en piqué mais la pleine ouverture est utilisable sans arrière-pensées. Les coins étant très souvent des zones hors profondeur de champs, je ne les prends pas en compte. L’aberration chromatique est un peu plus visible en cas de fort contraste, typiquement un contre jour, mais reste corrigeable en deux clics sous Lightroom.

Même si je n’ai eu beaucoup d’occasions de l’utiliser, je peux affirmer que le couple 70-200E FL + TC17 E II, va remplacer sans problème mon ancien 300mm F4, le bénéfice de la stabilisation en plus !

En paysage, la situation est un peu différente.

La netteté est toujours excellente au centre et aux tiers de l’image mais les bords et les coins souffrent davantage. Les aberrations chromatiques en cas de forts contrastes sont plus visibles (elles se corrigent toujours très rapidement et facilement), comme sur les photos du glacier.

J’ai résolu le problème en utilisant le recadrage X1.2 intégré au D850, me fournissant alors des fichiers de 31.5 millions de pixels et une focale maximale équivalente à 408mm tout en éliminant les coins. De quoi aller chercher les détails au loin tout en conservant une très bonne définition !

Conclusion

Le nikkor Af-s 70-200 F2.8E FL VR est une superbe optique, polyvalente, aussi à l’aise en photo de sport en salle qu’en portrait et en paysage. Une construction robuste pour photographier par tous les temps, des performances optiques qui garantissent une excellente netteté de près comme de loin et la stabilisation permettant de laisser le trépied à la maison dans 90% de mes sorties.

Le TC17 lui apporte encore plus de polyvalence, donnant d’excellents résultats en photo rapprochée et de très bons résultats en paysage.

Associé au D850, ils forment un couple très efficace ! Si, comme moi, vous photographiez beaucoup de sujets différents et que vous ne pouvez pas acheter ni porter toutes les optiques nécessaires, je vous conseille vivement ce 70-200, vous ne serez pas déçus !!


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