Le test du Nikon D850, un reflex en 2024 ?

Utiliser un Nikon D850 en 2024 c’est utiliser un reflex, mais pas n’importe quel reflex, le modèle le plus polyvalent de la gamme Nikon et peut-être, le meilleur reflex jamais créé (avis totalement subjectif 😉) !

Mais avant d’en arriver à cette conclusion enthousiaste, faisons un petit tour de l’appareil que j’utilise depuis maintenant 9 mois en photo de paysage et proxy photo. Cet article sera donc basé sur ces types de photographies 🙂

Modèle professionnel, le D850 n’a pas peur du froid et de la neige comme ici avec -15°c sur la Dôle !

Le D850

Le D850 c’est d’abord un superbe boitier professionnel, très bien construit, accueillant un capteur 24 x 36 de 45 millions de pixels. A sa sortie en 2017, cette définition le destinait plutôt à la photographie de studio, portrait, paysage, des domaines ou la qualité d’image est plus importante que la rapidité de l’appareil.

Mais, en l’équipant du système autofocus du D5 et d’une rafale pouvant monter à 9 images par secondes, Nikon en a fait un appareil très polyvalent, presque aussi à l’aise en photo de paysage qu’au bord d’un terrain de football.

Prise en main

Pour assurer cette polyvalence, le D850 est assez gros : 14,6 cm de large, 12,4 cm de haut, 7,9 cm de profondeur et lourd : à peine plus d’1kg avec carte et batterie.

Cette taille lui permet d’offrir une très bonne prise en main et une ergonomie professionnelle avec de très nombreux boutons pour accéder aux fonctions essentielles (mode de prise de vue, de mesure de lumière, cadence rafale, bracketing, sensibilité…), un écran orientable dans le sens horizontal, deux emplacements pour carte mémoire (CFexpress B et SD) et un superbe viseur optique montrant 100% du champ cadré.

Avec, en plus, un rétro-éclairage des boutons, petit raffinement bien utile en photo de nuit !

Si ce boitier vous intéresse, je vous conseille de le prendre en main avant de l’acheter. Sa prise en main me convient très bien, notamment par rapport au Nikon Z6 (vous pouvez lire mon test ici) dont la poignée plus petite laissait mon auriculaire dans le vide, ce qui n’est pas très confortable en montant un objectif lourd.

Mais suivant vos préférences, ce boitier pourra être trop gros ou trop lourd rendant son utilisation pas très agréable au quotidien malgré toutes ses qualités techniques ;)

Cartes mémoires : SD ou CFexpress B ?

Les fichiers NEF de 45mpx pèsent lourds, 52 Mo en version 14 bits compressée sans pertes. En utilisant la rafale, la mémoire tampon se remplie vite et les temps d’écriture sur les cartes mémoires peuvent être long ! De plus, lors de prise de vue en live-view, le boitier se bloque tant que le buffer n’est pas complètement vide ( c’est pour moi un gros défaut de cet appareil).

Au début, je n’avais qu’une carte SD Sandisk, à la vitesse d’écriture maximum de 140 Mo/s. C’est largement suffisant en photo de paysage ou pour des prises de vue en rafale occasionnelles.

Mais, je photographie souvent live-view, proche du sol, des fleurs ou des insectes. L’appareil n’est alors pas très stable. Et j’utilise la rafale car je rectifie souvent la mise au point et le sujet bouge à cause du vent. Je déclenche beaucoup pour augmenter mes chances d’avoir une photo nette et bien cadrée.

Et la, après chaque rafale, l’écran reste noir, la visée liveview ne revient pas immédiatement. Ce temps est variable, il va de 2 secondes si je n’ai pris que 3 ou 4 photos à plus de 10 secondes si j’ai rempli le buffer de 20 photos. Pendant ce temps, l’insecte a le temps de s’envoler ou de changer de position.

Maintenant, j’utilise une carte CFexpress B, montant à 850 Mo/s en écriture. Les photos sont enregistrées beaucoup plus rapidement et mon problème de latence à disparue. Si je prends quelques photos, la visée liveview revient après une seconde et 3,5 sec si je rempli le buffer.

Pour illustrer ces différences, voici un petit tableau montrant le nombre de photos prises en rafale avant que la cadence de prise de vue ne diminue ainsi que les temps d’écriture sur les cartes, libérant totalement la mémoire tampon.


Nikon D850. Prise de vue continue à 7 images par seconde. Fichiers NEF 14 bits, compression sans pertes.

Type de carte SD Cfexpress B

Nombre de photos prises 23 64

Temps de prise de vue 3,9 sec 10,5 sec

Temps d’écriture total 13 sec 4 sec

SD : Sandisk extreme pro 64GB UHS I, ecriture à 90Mo/s Cfexpress B : Angelbird AV Pro SE 512GB, écriture à 850Mo/s


Si vous le pouvez, je vous conseille donc fortement ce type de carte mémoire pour le D850 !

A noter : à la sortie du D850, il utilisait des cartes XQD et non les CFexpress B, physiquement identiques mais aux vitesses de lecture / écriture plus elevées. Nikon propose depuis 2020 une mise à jour du firmware pour rendre le D850 compatible avec les CFexpress B. Vous la trouverez ici 🙂

Autofocus

L’ensemble des points AF du D850. Centrés, seuls les plus extrêmes s’approchent des points de force aux tiers de l’image. Le suivi d’un collimateur à l’autres est excellent.

Il est très rapide et précis. Les 153 collimateurs, dont 55 selectionnables, sont tous efficaces, je n’ai pas noté de patinage en utilisant ceux des bords par rapports aux collimateurs centraux. Vous pouvez choisir d’utiliser un seul collimateur ou des groupes de 9, 25, 72 et les 153.

J’ai eu l’occasion d’utiliser le suivi 3D en photographiant un match de Handball et ce mode est très efficace pour conserver la mise au point sur un seul joueur dans l’action ! Les collimateurs sont tous plutôt centrés (il n’y en a pas aux points de forces des tiers), système reflex oblige.

L’AF par détection de contraste en live-view, permet lui de faire la mise au point n’importe ou dans l’image ! Il serait très pratique sur un sujet fixe (photo studio sur trépied, paysage…) mais il est beaucoup trop lent pour de la photo d’action même lente.

Notez que le D850 propose une fonction de microréglages de l’autofocus automatique qui est très pratique : appareil sur trepied, face à un sujet bien constrasté, il se sert de l’AF par contraste en liveview pour prendre une photo et compare le décalage avec l’AF a détection de phase. La valeur de correction est ensuite enregistrée. C’est très rapide, très pratique et je l’ai trouvé fiable du premier coup sur tous mes objectifs.

Qualité d’image.

Voila le plus gros point fort de ce boitier ! Son capteur, tous ses pixels et surtout sa dynamique et son rendu des couleurs !

En passant de 24 à 45 millions de pixels, j’ai gagné une vraie montée en définition, bien visible sur mes photos de paysage et macro. Les détails dans les feuillages lointains, dans la texture des fleurs ou des yeux des insectes sont meilleurs et cela se voit à l’écran. Tous ces pixels m’offrent aussi plus de liberté de recadrage. Je peux recomposer ma photo voir même retailler un cadrage vertical dans un cadrage horizontal et garder suffisamment de pixel pour un grand tirage ! Et ça c’est parfois très confortable ;)

La dynamique aux basses sensibilités est très très importante ! Avec 14,8 IL (indice de luminosité) enregistrés à 64 iso, récupérer des informations dans les basses lumières sans faire monter le bruit est très facile ! Et à 6400 iso, la dynamique est toujours de 10 IL. La sensibilité de base de 64 iso est également très pratique pour réaliser des poses longues. Avec une ouverture entre F8 et F11 et un filtre polarisant, je peux souvent me passer de filtre gris neutre et obtenir une vitesse de 1/4 de sec ou 1 seconde suivant la luminosité.

La montée en sensibilité est également très bonne. Le grain est fin et ne devient visible qu’aux très hautes sensibilités (3200 iso et au delà). Je me demandais si le D850 serait aussi bon en astrophoto que le Z6 et son capteur de 24 mpx et la réponse est oui ! Comme vous pouvez le voir dans les photos.

Quels objectifs pour le D850 ?

A chaque arrivée d’un capteur plus défini, cette question surgit : les objectifs seront-ils à la hauteur ?

Sur le D850, j’ai pu essayer 6 optiques :

  • Nikon 28mm F1,4 E

  • Tamron 35mm F1.4

  • Nikon 70-200 F2,8 FL E (avec et sans le TC17 II)

  • Nikon 105mm F1.4

  • Sigma 150mm F2,8 macro (non OS)

  • Nikon 300mm F4 (non VR)

Ce sont toutes des optiques connues pour leurs très bonnes performances et elles ont aussi bien fonctionné sur le capteur de 45 mpx que sur celui de 24 mpx à une exception près : le sigma 150mm macro à pleine ouverture (F2.8). En affichage 100%, il y a une petite « mollesse » que je ne voyais pas sur le Z6. En fermant d’un cran, à F4, la définition et le contraste montent d’un cran, au niveau des autres optiques.

Pour moi, n’importe quel objectif « passe » sur ce capteur. Il ne donnera pas de moins bon résultats que sur les capteurs (ou films) précédents. Si il ne permettra pas forcement de résoudre tous les fins détails que pourrait enregistrer le capteur, l’image en sera quand même meilleurs car elle bénéficiera de la dynamique très importante, d’un grain plus fin, d’un meilleur rendu des couleurs et d’un plus grand potentiel en post traitement qu’un capteur plus ancien ou plus petit.

Donc, si la définition est la priorité absolue, il faut utiliser des optiques modernes (Nikon a d’ailleurs une liste des optiques conseillées pour le D850 qui regroupe finalement tous les objectifs haut de gamme sortis quelques années avant le boitier et après). Mais si le rendu d’un objectif vous tient à coeur, il ne faut pas hésiter à le monter sur cet appareil. D’autant plus qu’il accepte aussi les objectifs AI et AI-S manuels de la marque sans restrictions. 

Sensibilité au flou de bougé

Le D850 n’est pas équipé d’une stabilisation du capteur, il compte sur les objectifs « VR » (vibrations reduction) de la gamme. Venant du Nikon Z6 qui est stabilisé, j’ai eu au début un petit peu plus de photos floues à main levée aux vitesses « limites » :

  • 1/30ème avec le 28 et le 35mm

  • 1/80ème avec le 105mm

  • 1/100ème et 1/200ème avec le 150mm macro suivant si je cadrais serré ou pas

  • 1/250ème avec le 300mm f4

Mais j’arrivai aussi à avoir des photos nettes avec mes appareils à 24 millions de pixels précédents non stabilisés ( D3x et Alpha 7). Les 45 millions de pixels, plus petits, sont logiquement plus sensibles au flou de bougé. Avec le 28mm, je ne photographie plus en dessous du 1/50ème de seconde à main levé et pour les longues focales, j’utilise maintenant un 70-200 VR FL (vous pouvez lire mon article sur cet objectif ici) au stabilisateur très efficace.

Autonomie et batterie

Le D850 utilise des batteries EN-EL15, classique chez Nikon. L’autonomie annoncée est de 1940 vues, ce qui est très confortable ! Ce nombre est valable pour une photographie au viseur. Si vous utilisez très souvent le live-view, l’écran allumé en permanence va réduire l’autonomie.

Avec une batterie complètement chargée, je peux photographier toute une journée en photo macro et paysage en utilisant de temps en temps le live-view et l’autofocus ainsi que la stabilisation du 70-200. 

Obturation mécanique, électronique et rolling shutter.

L’obturateur du D850 est un modèle professionnel, permettant le 1/8000ème de seconde et une synchro flash au 1/250ème. Sa durée de vie est estimée à 200 000 déclenchements. Le mien en est à 210 000 et ne donne encore aucun signe de faiblesse. J’en ai vu à le vente en occasion avec plus de un millions de déclenchement ! Personnellement, je n’achèterai pas un appareil ayant autant travaillé et ces valeurs restes exceptionnelles mais cela prouve la résistance de l’obturateur de D850 et qu’il ne faut pas s’inquiéter si le votre commence à approcher ou a dépasser les 200 000 théoriques donnés par Nikon. 

La prise de vue en rafale offre 7 images par seconde (9 avec la poignée verticale et la batterie du Nikon D5) ce qui est suffisant pour beaucoup de sujets, même si, en photographiant les libellules en vol, j’aimerai bien une cadence plus rapide.

L’obturateur électronique, disponible en live-view, permet un déclenchement totalement silencieux.  C’est assez génial quand il faut rester discret ou à des vitesses entre 1/30 et ½ seconde pour éviter les vibrations liées aux mouvements du miroir. Je l’utilise dès que je place l’appareil sur le trépied en photo de paysage. De plus, cela évite d’user l’obturateur mécanique. Mais utiliser l’obturateur électronique, c’est s’exposer à avoir une distorsion des sujets en mouvement sur l’image.

En effet, le capteur du D850 est balayé de bas en haut à chaque exposition et ce balayage prend 1/15ème de seconde minimum contre 1/400ème de seconde pour l’obturateur mécanique. Durant ces 1/15ème de seconde, un sujet rapide a le temps de changer de place dans l’image. Il en résulte une déformation, un étirement, comme vous pouvez le voir avec le coquelicot et l’orchidée. 

Sur ces sujets, ce n’est pas grave, mais sur un paysage urbain, rempli de lignes droites, l’effet se verra très vite.

En pratique, je réserve l’obturation électronique aux prises de vue sur trépied ou appareil posé au sol où elle est très efficace !



Connectivité

Le Nikon D850 propose plusieurs ports : usb 3 (port micro-b), HDMI, entrée et sortie son et la prise télécommande 10 broches, caractéristiques des boitiers professionnels Nikon.

L’appareil offre en plus les connections Wifi et Bluetooth qui permettent de contrôler l’appareil avec un smartphone et l’appli Nikon Snapbridge. En pratique, je n’utilise jamais cette connectique car j’ai un lecteur de carte CFexpress B très rapide et l’usb 3 ne permet pas de recharger la batterie lorsque le boitier est connecté à un ordinateur.

La connexion a Snapbridge fonctionne et peut servir de déclencheur à distance avec un temps de latence d’une à deux secondes avant déclenchement qui n’est pas négligeable. Si je veux me photographier dans la scène, je préfère utiliser le retardateur 20 secondes et prendre plusieurs photos.

Bilan du Nikon D850

C’est un appareil très polyvalent offrant une qualité d’image excellente, un très bon autofocus, une très bonne réactivité, le tout dans un boitier solide, à l’excellente ergonomie et agréable à manipuler. Bref un quasi sans faute !

Si il faut lui trouver des points négatifs, j’aurai préféré un écran qui pivote aussi sur l’axe verticale, un double emplacement CFexpress B pour éviter la carte SD et sa vitesse d’écriture plus lente et enfin moins de rolling shutter.

Mais, pour un appareil qui se trouve à 1 500€ en bon état d’occasion aujourd’hui, ces petits défauts sont pardonnables. Et à ce prix, on bénéficie d’un des meilleurs capteur 24x36 du marché, toutes marques confondues !

Le seul point d’interrogation avant l’achat en 2023 de ce D850 est dans la nature de l’appareil : c’est un reflex. Aujourd’hui le présent et l’avenir sont aux hybrides et acheter ce D850 c’est continuer à utiliser des optiques en monture F.

Si vous souhaitez du matériel de dernière génération ou que vous avez besoin des dernières fonctionnalités comme l’autofocus à détection de l’oeil ou la vidéo 8k alors ce boitier ne répondra pas à vos besoins. Mais, si comme moi, vous n’avez pas besoin (ou envie) de ces nouveautés dans votre pratique photo (ce serait sympa mais pas indispensable), que votre budget est limité ou que vous aimez la visée optique, alors, je vous conseille vivement cet appareil qui, en plus, vous donnera accès à une très belle gamme d’objectifs accessibles en occasion à une fraction de leurs prix neufs et qui seront toujours utilisables sur un hybride avec la bonne bague d’adaptation.

J’espère que cet article vous a plu et si c’est le cas, ou si vous avez une question, n’hésitez pas à me laisser un commentaire 😊

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