La photo de paysage au téléobjectif !

Dans cet article, nous allons voir pourquoi emporter un téléobjectif dans son sac photo peut être une très bonne idée et changer votre approche de la photo de paysage. Prêts ? C’est parti :)

Qui dit photographie de paysage dit objectif grand-angle non ?  Et bien oui ! Mais pas seulement ;)

Assis devant un beau paysage, j’ai souvent envie de tout photographier, de faire entrer toute la scène dans le viseur (et je sais que je ne suis pas le seul !). Et souvent, c’est exactement ce que je fais ! Mais parfois, la scène qui vous intéresse est loin : un rayon de lumière tombant juste sur un arbre, un nuage s’accrochant au sommet d’une colline, une cascade tombant d’une falaise inapprochable…

Et c’est là qu’avoir un téléobjectif se révèle utile !

Un matin face au Mont-Blanc.

Le premier plan n’étant pas très interessant, j’en m’en suis approché pour le flouter. De cette façon, j’ai obtenu cette jolie ligne de lumière dorée qui habille le bas de la photo et rappelle les teintes chaudes se trouvant plus haut.

Nikon 70-200, F11, 190mm.

6 raisons d’utiliser un téléobjectif en photographie de paysage

  • Photographier les détails

Bien sûr, le but d’un téléobjectif est de cadrer serré. Avec cet objectif, vous allez pouvoir isoler votre sujet et concentrer l’attention du spectateur sur celui-ci : un arbre au sommet d’une colline, une montagne à la forme particulière, un rayon de lumière tombant sur une maison isolée…

En cadrant serré vous allez magnifier votre sujet !

Une lumière chaude a illuminé le lac. J’ai utilisé mon 300mm de l’époque pour photographier la berge d’en face, dont il était impossible de me rapprocher.

Tamron 300mm F2,8 manuel à F8 / F11.

  • S’affranchir des barrières naturelles et artificielles

Dans de nombreuses situations, il est impossible de s’approcher de son sujet pour le photographier au grand-angle : vous êtes au sommet d’une falaise, sur la rive d’une rivière ou face à une propriété privée et le téléobjectif est la seule solution pour prendre votre photo !

  • Varier les perspectives

Photographier au grand angle impose d’être proche de son sujet, sans quoi il apparaîtra tout petit dans l’image. Pour photographier le même sujet au téléobjectif, il faut prendre du recul,  ce qui va changer la perspective, le point de vue, que vous allez avoir sur votre sujet.

La distance relative entre votre sujet et l’arrière plan va diminuer, les deux vont sembler se rapprocher l’un de l’autre,  vous donnant une photo différente. C’est la fameuse « compression des plans » du téléobjectif qui en réalité n’est pas due à l’objectif lui même, mais au changement de perspective.

  • Jouer avec la profondeur de champ

En cadrant une scène plus serrée, on augmente le rapport de reproduction, diminuant la profondeur de champs à diaphragme équivalent. Cette zone de netteté plus faible, difficile à obtenir avec un grand angle, à l’exception des fixes ouvrant à F1.8 ou davantage, est très facile à avoir avec un téléobjectif.

Flouter le premier plan devient très facile et peut devenir un atout dans la composition. Quelques herbes floues peuvent venir masquer des roches peu esthétiques ou une bande de terre détournant le regard du sujet principal.

Sapins de Noël

Un soir sur la Dôle. Le ciel très chargé ne laissait pas passer de lumière alors j’ai tourné mon 135mm vers ces 3 sapins blancs qui se détachaient sur le fond sombre. En plaçant l’appareil au sol, j’ai fait disparaitre le bas de la photo pour concentrer l’attention sur les arbres.

Zeiss Batis 135mm à F2,8

  • Simplifier la scène

Les paysages photographiés au grand angles sont souvent complexes, ils montrent beaucoup d’éléments avec lesquels il faut composer.En cadrant plus serré, la scène devient souvent plus simple à composer, la photo montre uniquement le sujet principal.

  • Apporter de la variété à votre portfolio

Varier les cadrages apporte du dynamisme et de la variété à une série de photos. Ne montrer qu’un seul style d’image, prise au grand-angle ou au téléobjectif, peut devenir lassant pour le spectateur alors qu’alterner cadrages larges et serrés va stimuler son attention en apportant du changement.

Quelques conseils pour les photos de paysages au téléobjectif.

  • Stabilité. Attention au flou de bougé !

En paysage, nous pouvons utiliser des vitesses d’obturation assez lentes, entre 1/30ème de seconde à plusieurs secondes, à l’heure bleue,  durant  les levers / couchers de soleil ou simplement par temps couvert.

À ces vitesses, un vent un peu fort, une rotule mal serrée, ou un trépied placé dans une position un peu tordue à cause du terrain peuvent suffire à créer des vibrations qui rendront la photo floue.

Quand je photographie le paysage au téléobjectif avec une vitesse lente, je place l’appareil sur trépied, j’utilise le retardateur et l’obturation électronique (pas de vibrations liées aux mouvements du miroir et de l’obturateur) et je prends plusieurs photos pour être certain d’en avoir une parfaitement nette !

Et si le vent est vraiment fort, j’augmente la sensibilité pour avoir une vitesse d’obturation suffisamment rapide.

  • Brumes de chaleur, pollutions et netteté

Les brumes de chaleur peuvent apparaître en toute saison, dès qu’une masse d’air se réchauffe. Au grand-angle elles sont souvent invisibles, mais au téléobjectif, elles posent problème en réduisant grandement la netteté de la photo !

Vous les trouverez au-dessus des villes, des routes ou simplement au lever du soleil en montagne lorsque les rayons réchauffent les couches d’air supérieures, laissant les vallées dans le froid.

Les pollutions de l’air posent le même problème avec une atmosphère chargée de particules qui s’interposeront entre l’objectif et le paysage.

Plus la distance entre vous et votre sujet augmentera, plus l’effet sera marqué, car vous photographierez à travers une masse d’air plus importante. Un sujet situé à 1 km ou plus pourra alors apparaître flou et ce ne sera pas la faute de votre objectif ou de votre technique !

Le phénomène augmente avec la longueur focale : plus vous cadrerez serré un sujet se trouvant à 1 km, plus le problème de netteté sera visible. D’après ma petite expérience, à partir de 300mm et au delà, la photo peut être inexploitable.

A ce moment, il faut juste prendre d’autres photos et attendre que les conditions s’améliorent.

L’antenne de la Barilette sort des nuages

Un matin de la fin août, une grande mer de nuages atteignait les flancs de la Dôle. Le soleil commençait à chauffer l’atmosphère, créant des turbulences. J’ai du prendre plusieurs photos pour être sur d’avoir l’antenne nette.

Nikon 200-500mm à 500mm, F9.

  • Attention à la profondeur de champ

Au grand-angle, aux petites ouvertures, la profondeur de champ est tellement importante que tout le paysage est net (sauf si le premier plan est très proche).

Avec un téléobjectif, même à F8 ou F11, il faut faire à peine plus attention dans le cas ou votre photo comporte un plan un peu plus proche que les autres. Vérifiez la netteté de tous les plans en zoomant sur l’écran arrière et fermez le diaphragme d’un cran supplémentaire si besoin.

La profondeur de champs à ces distances se répartissant 1/3 devant le plan de netteté et 2/3 derrière, je fais ma mise au point sur mon premier plan ou un peu derrière pour avoir l’ensemble de ma photo nette.

Quel téléobjectif pour la photo de paysage ?

Tout est possible ! Et le choix dépend beaucoup de votre utilisation.

Les nuages s’accrochent au dessus du lac de Bonlieu

Un joli spectacle après la pluie. Les nuages ont commencé à se dissiper et les derniers sont restés accroché à la forêt au dessus du lac de Bonlieu, formant une jolie composition.

Nikon 70-200 à 190mm, F10.

Les 70-200 :

  • Personnellement, j’aime beaucoup le 70-200 F2,8 : les 200mm sont suffisants pour la plupart des situations, la qualité est souvent excellente toutes marques confondus et c’est un objectif très polyvalent grâce à sa grande ouverture de F2,8, utile en photo de sport, de portrait, en basse lumière et ils acceptent très bien les convertisseurs.

  • Les 70-200 F4, sont bien sûr moins lumineux, mais sont aussi bien moins lourds (850g pour le F4 contre 1430g pour le F2,8 chez Nikon), moins encombrants et moins chers tout en offrant une très bonne qualité optique. Des avantages très intéressants pour le dos et le portefeuille !

Petit plus : il est facile d’utiliser des filtres de diamètres standards (77mm ou moins) que vous avez peut-être déjà dans votre sac.                                                                                                                                

                                                                                                                               

 Les 100-400 :

  • Ils offrent la possibilité de cadrer plus serré grâce aux 400mm (voir 500m sur certains modèles) avec une excellente qualité optique sur les modèles récents.

  • Les ouvertures maximales sont souvent F4,5 à la focale la plus courte et F5.6 à la plus longue. Ce n’est pas très lumineux mais l’encombrement, le poids et le prix restent acceptables, équivalent à un 70-200 F2,8. Ils peuvent donc s’emporter en randonnée sans problème et acceptent aussi des filtres de tailles standards !

A ces focales, les effets des brumes de chaleur et pollutions de l’air cités plus haut pourront être visibles.

Si vous faites beaucoup de paysages et n’avez pas besoin d’une grande ouverture, c’est pour moi la meilleure option !

Chutes d’Iguazu

Un cadrage serré sur ce visiteur, presque seul sur la passerelle ! Cette chute est énorme mais aussi à plusieurs centaines de mètres. Le 500mm n’était pas de trop pour ce cadrage

Nikon 200-500 à 500mm, F10.

Les (150) 200-600 :

Là, on change de catégorie : ces objectifs, destinés davantage à la photo animalière ou de sports sont plus gros et lourds, demandent un trépied plus solide pour limiter les flous de bouger aux focales les plus longues et leurs lentilles frontales plus grandes n’acceptent plus les filtres classiques  mais des modèles de 95 ou 105mm, rares et chers.

Ils peuvent rendre service pour prendre des photos très spécifiques comme un gros plan de lever de lune mais sinon, je les considère moins adaptés que les 100-400 à la photo de paysage à cause de leurs poids et encombrement.

J’ai photographié quelques paysages avec mon 200-500 F5,6 Nikon avec plaisir, mais je m’en servais surtout pour de la photo animalière.

Les focales fixes 300 / 400 / 500 / 600 F2,8 ou F4 :

Ces superbes optiques vous donneront des paysages très nets si la qualité de l’air le permet,  à l’occasion d’une sortie photo animalière par exemple ! Mais vu leurs poids, encombrement, prix et manque de polyvalence (ce sont des focales fixes), je ne vous les conseillerais pas pour la photo de paysage. Hors de question pour moi de prendre un objectif pesant 4kg, occupant la moitié de mon sac pour photographier un lever de soleil au sommet d’une montagne demandant 3h de marche 😁

Par contre, pour sortir photographier les marmottes, là oui. Mais le but est différent.

Conclusion

J’espère que cet article vous (re)donnera envie de prendre le téléobjectif lors de votre prochaine sortie photo paysage ! Ci-dessous vous trouverez une série de photos avec la focale indiquée pour chacune, ce qui vous donnera, je l’espère, une idée du rendu de ce type d’optique. 

Laissez-moi un commentaire si vous avez une remarque ou une question, c’est toujours apprécié et je vous répondrai le plus vite possible 😉



































































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