Paraguay : visiter le parc San Rafael

Entrer dans le Parc San Rafael, c’est plonger au coeur de la forêt Atlantique, ses arbres, ses lianes, ses fougères et sa faune, souvent discrète, parfois bruyante. C’est partit pour une immersion végétale !

San Rafael, une des aires de protection la plus importante du Paraguay.

Si vous aimez la forêt tropicale, San Rafael protège la plus grande forêt Atlantique paraguayenne sur plus de 730km2 ! Ce milieu naturel occupe la partie sud-ouest du Brésil, le nord-est de l’Argentine et l’est du Paraguay. Un gros poumon vert pour ce pays qui a subi et subi encore la déforestation pour faire pousser du soja. A San Rafael, la forêt est encore en grande partie préservée et il est possible de la découvrir

La réserve de San Rafael constitue l’une des dernières parties intactes de la Forêt Atlantique de l’Alto Paraná au Paraguay soit juste 7% de sa surface originelle. Ces 73 000 hectares s’étendent sur quatre districts appartenant aux départements d’Itapúa et Caazapá. La réserve est une mosaïque de deux des habitats les plus menacés au monde : la forêt subtropicale humide atlantique et les prairies inondables mésopotamiennes. Environ 70% de la surface de la réserve est couverte de forêt.

San Rafael est situé sur la ligne de séparation des eaux entre les fleuves Paraná et Paraguay. C’est également un milieu alimentant l’aquifère Guarani en eau, la plus grande réserve souterraine d’eau douce d’Amérique du Sud.

Cette forêt héberge la plus grande diversité d’oiseau du pays avec plus de 400 espèces observées dont certaines endémiques. On y trouve également de nombreuses espèces de reptiles et d’amphibiens et plus de 60 espèces de mammifères dont de nombreuses sont menacées.

Voilà qui devrait susciter l’intérêt de tous les amateurs de nature !

Lever de soleil magique au dessus de la canopée

Comment se rendre à San Rafael ?

Situé au centre de l’Amérique du sud, au sud-est du Paraguay, à 6h de routes d’Asunción, la capitale du pays, 2 heures d’Encarnación et de la frontière avec l’Argentine, la forêt de San Rafael se rejoint en voiture ou en bus. Passer par Encarnación est très pratique pour faire de grosses courses avant d’aller vers San Rafael. En venant de Asunción par la route 1, un gros Super 6 vous attend juste après le pont. Prenez tout ce dont vous avez besoin dans des glacières, car une fois dans la forêt, les possibilités de se ravitailler seront limitées.

Depuis le terminal d’Encarnación, vous pourrez prendre un bus vers Ynambu ou alors prendre la route 6 sur une centaine de kilomètres. Dans ce petit village, vous trouverez une station essence et également quelques petits commerces. Et à partir de là, vous êtes littéralement à la croisée des chemins !

La droite vous emmène vers la réserve de Pro Cosara et en continuant tout droit, vous irez à la réserve Guyra Retâ, gérée par Guyra Paraguay. Dans le doute, deux petits panneaux vous aideront à choisir votre direction. Ces deux réserves sont vos deux options pour vous immerger au cœur de la forêt. L’aventure commence !

La réserve Guyra Retâ, gérée par Guyra Paraguay

Si vous roulez en 4x4, vous pouvez vous lancer dans les 30km de piste qui séparent Ynambu de la réserve. Attention, c’est une vraie piste, avec des portions plus ou moins pavées et d’autres passant dans la forêt, un peu plus techniques, surtout par temps de pluie. J’en ai fait la moitié sous un gros orage et les 4 roues motrices n’étaient pas de trop !! Par temps sec, cela peut sans doute passer avec un véhicule haut sur roues, mais je ne le conseille pas parce que si vous croisez quelqu’un, il faudra vous décaler et ensuite vous sortir du bas côté, pas du tout stabilisé.

Si vous n’avez pas de voiture, les gardes de la réserve peuvent venir vous chercher à Ynambu :)

La réservation se fait en passant au bureau de Guyra Paraguay, à Asunción. Début 2023, cela coûtait 50 000 Guaranis la nuit sous tente et 150 000 en dortoirs. Comme il n’y avait personne durant la semaine où j’y étais présent, j’ai pu poser la tente sur la terrasse, sous l’auvent et être à l’abri de la pluie 😁

Il y a donc plusieurs bâtiments : la maison des gardes (ils étaient au moins 5 lors de mon passage, tous très sympas), une petite maison comprenant une cuisine (avec un frigo pour mettre vos courses !) et une bibliothèque, le dortoir et un bâtiment avec les douches, wc et laverie. Attention, c’est du lavage à la main ;)

Bref, il y a tout ce qu’il faut pour rester trois jours ou trois mois. Sauf la couverture réseau, qui est très faible. A vous de voir si c’est important. Il est possible de passer des appels à certains endroits du site mais pour ce qui est d’internet, c’est très limité.

Pour plonger dans la forêt, vous trouverez un beau sentier de 5km de long, offrant une belle immersion ! Forêt, zone de restauration post-incendie, bord de rivière, vous aurez de la diversité !!! Les fourmis, lianes, fleurs, papillons et colibris vous attendent !

J’ai parcouru ce sentier deux fois par jour et à chaque fois j’y ai vu des animaux et plantes différents ! La richesse de cette forêt est incroyable ! Avec un peu de chance vous pourrez voir les différentes espèces de trogons dont celle à ventre jaune !

L’avantage de cette réserve est d’offrir à la fois un milieu forestier et également des prairies sauvages humides où l’observation des oiseaux est beaucoup plus facile ! Vous y trouverez aussi des espèces de papillons différentes de la forêt. Elles méritent le détour et sont faciles à découvrir en suivant la piste. C’est aussi l’endroit parfait pour admirer le coucher de soleil !

Pour réserver une place c’est ici : aviturismoguyrapy@gmail.com.

La page de Guyra consacrée à cette réserve : https://guyra.org.py/san-rafael/.

Attention : début 2023, les payements se faisaient en liquide au bureau de Guyra, à Asuncion.



La réserve de Pro Cosara

Plus proche de Ynambu, à seulement quelques kilomètres d’une piste plus simple à emprunter, se trouve cette réserve gérée par l’association Pro Cosara, consacrée à la protection de San Rafael. Elle se trouve sur le terrain privé de la famille Hostettler.

Vous aurez la possibilité de louer une petite maison avec chambre, cuisine et salle de bains tout équipée pour 90 000 Guaranis par jour (tarif en Novembre 2022). Il y a même une pension complète (3 repas / jour sauf le dimanche) pour 100 000 Guaranis par jour. Attention, le paiement ne se fait qu’en espèce, pas par carte. Le niveau de confort plus élevé et l’accès plus simple font que la fréquentation est plus importante et la réserve accueille des visiteurs du monde entier !

Après une petite marche vers la forêt et dans le jardin, vous aurez déjà sûrement eu l’occasion d’observer plusieurs toucanets, perruches et peut être un colibri passant à toute vitesse. À l’entrée de la forêt, un grand lac vous attend avec ses oiseaux d’eau : échassiers, canards, martin pêcheur et, lors de mon séjour, beaucoup d’hirondelles. L’ambiance brumeuse du lever du soleil au bord du lac est géniale, je vous le conseille vivement !!

Après avoir passé la digue du lac, deux sentiers partent dans la forêt : un court, de 2km et un de 6km de long.

  • Le petit, celui de l’Urutaú, longe le lac (sans accès à la berge), traverse une petite rivière et revient ensuite vers l’exploitation en longeant la lisière. Il est parfait pour découvrir la forêt Atlantique ! Comme il est court, je l’ai parcouru plusieurs fois par jour à des moments différents de la journée. Les moments avec le plus d’activité animale sont les soirs et matins mais même à midi, il y aura des choses extraordinaires à voir, que ce soit un oiseau ou le ballet incessant des fourmis 🙂

  • Le grand, le sentier Chachi, du nom guarani des superbes fougères arborescentes que vous découvrirez en le parcourant, vous plonge entièrement dans la forêt !

    En partant, il est indispensable selon moins d’avoir 2 litres d’eau dans son sac, il peut faire chaud sous les arbres !

    L’immersion est totale ! La végétation dense n’offre pas une visibilité très lointaine mais la richesse végétale, la taille des arbres, des lianes, la variété d’espèces est extraordinaire !

    Parfois le silence est total, parfois des oiseaux se mettent à faire un concert 30m au dessus du sol. Le long de ce sentier j’ai croisé des colibris, des chouettes, des toucans, des orchidées, des singes, des fourmis et bien sur les fougères arborescentes, clou du spectacle, tout au bout du chemin !

Vous aurez peut-être remarqué que les temps de parcours indiqués, 1h pour le sentier Urutaú, 3h pour le Chachi, sont très importants pour des distances de 2 et 6km alors que le terrain n’est pas particulièrement difficile. Je pense que cela est du au fait que ce sont des sentiers de découvertes, où les arrêts pour observer la nature même pendant quelques secondes seront nombreux. Et puis il faut aussi toujours faire attention où on pose les pieds pour ne pas marcher sur des épines ou un animal. En tout cas, les parcourir comme une randonnée française n’aurait pas beaucoup d’intérêt selon moi. Il y a tellement à voir, que les 3h seront très vites écoulées !!

Pour réserver une place, c’est ici : Christine Hostettler, +595 985-710900 ou c.hostettler51@gmail.com ; c.hostettler@procosara.org. Le payement en Novembre 2023 se faisait également en liquide à la réserve auprès de Mme Hostettler



La photo dans la Forêt Atlantique de San Rafael


Avec toute cette richesse, il faut bien sur prendre son appareil photo !!

Les fougères arborescentes, certaines atteignant les 3 mètres !

Si vos sujets préférés sont les oiseaux, un gros téléobjectif s’impose, car ils sont souvent perchés haut dans les arbres et relativement loin.

  • Un 500 ou 600mm (sur capteur plein format) ne sera pas de trop. En lisière de forêts, un zoom type 150-600 F6.3 sur capteur aps-c sera très polyvalent pour aller chercher les toucans et les perroquets. Par contre, dans la forêt, un téléobjectif lumineux sera beaucoup plus à l’aise !

  • Un objectif macro de 100 / 150mm (pour pas s’approcher trop des insectes qui peuvent donner des piqûres douloureuses et/ou dangereuses) sera aussi utile. Il sera dommage de ne pas pouvoir ramener un souvenir de toutes ces petites bêtes extraordinaires que vous croiserez !

  • Enfin un très grand-angle pour photographier les arbres et leurs lianes immenses sera un plus !

Lors de mon passage, J’ai utilisé toutes les focales que j’avais à ma disposition : 20mm et 24-70mm pour capter l’ambiance de la forêt, le 150mm macro pour tous les petits sujets, le 105mm F1.4 pour toutes les photos pour lesquelles il convenait, le 200-500mm pour les oiseaux, montés sur un Nikon Z6, petit boîtier stabilisé à l’excellente montée en sensibilité.

Lorsque j’aurai l'occasion d’y retourner, j’apporterai trois changements à ces optiques : avoir un grand angle plus large, 20mm n’est pas toujours suffisant, avoir une optique macro stabilisée pour compenser le manque de lumière et enfin, un téléobjectif plus lumineux. De plus, s’il reste de la place dans le sac, j’ajouterai un drone pour photographier la forêt du dessus !

La gestion de la lumière a été un gros défi, particulièrement à l’intérieur de la forêt. Lorsque le soleil est haut, il crée des zones d’ombre et des zones très lumineuses, changeant au gré du vent. Les oiseaux que j’ai pu croiser étaient souvent à l’ombre, en contre-jour, me laissant le choix entre surexposer complètement le fond ou obtenir un oiseau en ombre chinoise. Lorsque le soleil baisse sur l’horizon, les rayons de lumière à travers les arbres sont magnifiques, si on se trouve proche de la lisière.

Par temps couvert, la gestion de la lumière est beaucoup plus simple mais il faut alors monter en sensibilité.

Bref, ce n’est pas environnement simple à photographier et des optiques lumineuses vous aideront, de même qu’un trépied pour toutes les photos posées 😉

Dans tous les cas, il y est réellement possible de passer plusieurs années de photographie nature dans ce milieu avant de se lasser !



Quelques conseils avant de partir en forêt

Emportez toujours de l’eau ! Il peut faire plus de 35°c même dans la forêt, avec un degré d’humidité assez élevé : déshydratation et “effet collant garanti” ! Portez également un pantalon et si possible des manches longues. J’ai trouvé les moustiques beaucoup moins nombreux qu’en ville, mais quand même présent, comme d’autres petites bêtes et plantes. Avoir des manches, c’est couvrir des endroits qui ne se feront pas piquer 😁

J’avais aussi un chapeau avec un filet descendant jusqu’aux épaules pour me protéger des insectes qui viennent chatouiller le visage. Je le mettais quand je m’arrêtais. Ce n’est pas absolument pas sexy, vous n’aurez aucun style, mais c’est vraiment super efficace !!! Je vous le conseille vivement !

Et bien sur, il ne faut pas oublier sa bouteille de “repelente 24h”, le répulsif anti moustique, totalement indispensable. Ce n’est ni naturel ni bio, mais il vous le faut ;)

Voila, c’est tout pour cet article ! J’ajoute ci-dessous quelques photos, qui j’espère, vous donneront envie d’aller découvrir cette forêt !!!

Si vous avez des questions, posez les en commentaires :)


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Nikon 28mm F1.4 E, un grand-angle qui capte de la lumière !